Faut-il augmenter les contrôles sur le radon ?
Après la découverte de taux très élevés dans une maison près de Limoges, qui a poussé une famille à déménager, la question se pose de savoir s’il faut accroître les contrôles ou rendre le diagnostic radon obligatoire.
Un diagnostic facultatif
Le diagnostic radon consiste à vérifier la présence de radon dans un logement mis à la vente ou en location. C’est le propriétaire qui le réalise à l’aide d’un dosimètre, qui doit être placé à l’étage le plus bas de la maison et doit y rester au minimum deux mois. Au terme de cette période et suivant les résultats enregistrés, le propriétaire doit faire intervenir un professionnel pour confirmer les taux et engager des actions pour le faire baisser.
Assez peu connu du grand public, le radon est un gaz radioactif d’origine naturelle et que l’on trouve dans de nombreux départements français. Pour l’homme, c’est la principale source d’exposition naturelle aux rayonnements ionisants. Il se développe après la dégradation de l’uranium, du radium ou du thorium qui sont présents dans la croûte terrestre.
Cancérogène, il est la seconde cause de cancer du poumon en France et 20 000 décès en Europe sont imputables à la présence de ce gaz au sein des habitations. La menace existe, c’est pourquoi le radon et ses risques font partis du Plan National Santé Environnement. Le Haut Conseil de la Santé Publique souhaite même faire baisser le seuil limite de concentration en radon à 300 BQ/m3 puis à 100 BQ/m3 (objectif final), – il est actuellement de 200 BQ/m3 pour un batiment en construction et de 400 BQ/m3 pour une habitation existante.
En mars dernier, une famille a été dans l’obligation de déménager suite à des taux de radon très élevés.
Une famille évacuée
Située à Bessines-sur-Gartempe, dans la Haute-Vienne, et construite dans les années 60, cette maison remet le problème du radon au coeur de l’actualité. Dans un ancien secteur dévoué à l’exploitation de mines d’uranium, les taux mesurés sont impressionnants : 9 000 à 19 000 BQ/m3 soit 100 fois plus que la moyenne. La limite pour les travailleurs des mines est, elle de 7 000 BQ/m3.
La famille, un couple et leur petite fille, a été immédiatement expulsée de chez elle. Elle a été relogée et reçue par l’agence régionale de santé (ARS) afin de mieux comprendre les risques liés au radon. La mère de famille était assistante maternelle et a reçu, de 2000 à 2014, de nombreux enfants à son domicile. Les familles des enfants ont toutes été prévenues par la préfecture pour évaluer le niveau de risque lié à cette forte exposition.
Selon l’ARS, les fortes doses de radon proviendraient de remblais sur lesquels la maison a été édifiée, remblais composés de sables très particuliers et dont « la présence de tels résidus en dehors des sites miniers et des lieux de stockage autorisés est tout à fait anormale et contraire à la réglementation ».
L’enquête devra apporter des réponses et déterminer les responsabilités.
Vers un renforcement des contrôles
Les conséquences sur les individus dépendent à la fois de l’individu lui-même, de la durée et de la fréquence d’exposition. Cependant, selon certaines études être exposé à 3 000 BQ/m3 pendant une vie entière augmente sensiblement les risques de cancer du poumon. L’exposition au radon est donc encore plus dangereuse pour les fumeurs.
L’Agence de Sûreté Nucléaire a intensifié ses contrôles sur le territoire, notamment dans les établissements recevant du public. Des travaux d’amélioration d’isolation et de ventilation ont été réalisés dans des collèges des régions Rhône-Alpes et Auvergne. L’ASN souhaite que de nouvelles mesures soient effectuées et réalisées à intervalle régulier de 10 ans.
Cet incident montre que le risque au radon est bel et bien réel et devrait conforter les pouvoirs publics dans leur démarche de renforcer les mesures et d’arriver à terme à un diagnostic radon obligatoire, du moins dans les zones considérées comme à risque.